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Privé le nucléaire

Dans un article intéressant de son blog, Nicolas Dupont-Aignan s'oppose clairement à la gestion privée des centrales nucléaires.

Tous les arguments qu'il avance sont évidemment fort justes. Ils ont principalement trait à la tentation pour le gestionnaire d'améliorer ses marges de rentabilité. Et cette amélioration des marges ne peut se faire qu'au détriment de la sécurité.

Que ce soit par la diminution des redondances, par la diminution du nombre des personnels (donc l'augmentation des cadences et de la fatigue), par la diminution de la formation et des maintiens de compétences, un opérateur privé se mettra au minimum — et peut-être "juste" un peu en dessous — des normes réglementaires.

L'administration de tutelle aura des difficultés certaines à contrôler efficacement, de façon pro-active, le respect intégral de ces normes. Et dans le nucléaire, il vaut mieux être "pro-actif" plutôt que réactif. La tragédie japonaise nous le démontre avec force.

Mais l'essentiel n'est pas là.

La gestion du parc de centrales nucléaires ne doit pas être confiée à un opérateur privé du fait de l'échelle des conséquences d'un accident.

Aucun opérateur privé, aucun assureur ou réassureur, ne peut assumer les conséquences d'un accident nucléaire majeur. Contrairement aux affirmations de Noël Mamère lors de l'accident de Tchernobyl, les nuages de particules radio-actives ne suivent pas et ne se limitent pas aux frontières des Etats ! 

Ce truisme, que je vous demande de me pardonner, affirme que les conséquences de tout accident nucléaire d'importance sont planétaires. Elles dépassent totalement les capacités techniques et financières de quelque groupe privé que ce soit.

Elles impliquent obligatoirement la responsabilité et l'engagement total de l'Etat dans lequel l'accident s'est produit.

Si des comptes doivent être demandés par la suite, c'est à l'Etat qu'ils le seront par le reste de la communauté internationale. Alors, y compris en présence de "contrats public-privé", l'Etat ne doit pas seulement être un actionnaire de référence ou principal de l'opérateur nucléaire. Il doit en être l'actionnaire majoritaire.

Oui, ne nous cachons pas derrière les mots, il est impératif qu'en France, deuxième plus grand parc de centrales nucléaires au monde derrière les Etats-Unis, la construction et la gestion de ces centrales soient re-nationalisées.

Voici ce qui devrait être une règle de nationalisation :

Quel que soit le secteur d'activité, si les conséquences d'une crise dans l'un des établissements d'un opérateur privé doivent dépasser les frontières géographiques du pays ou les capacités économiques et financières de l'opérateur concerné, alors le gestionnaire direct ne peut et ne doit être que celui qui sera "in fine" tenu responsable : l'Etat.

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