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europe - Page 3

  • Guerre ou Paix (3)

    Le passé sanglant de tous les pays de la "vieille Europe" incite naturellement à être méfiant vis-à-vis des voisins, mais aussi à être engageant sur la voie des traités en tous genres pour tenter de prévenir le retour des atrocités.

    L'objectif premier des SCHUMAN, MONNET, ADENAUER, DE GAULLE était clairement d'amener les anciens belligérants à se parler et à envisager un avenir commun. Peut-on imaginer un seul instant qu'ils auraient tenté cette construction en passant totalement par dessus la volonté des peuples? Bien évidemment, non!

    Il y eut des réticences (le mot est faible) à vaincre et il est certain qu'il n'aurait pas été souhaitable de consulter les peuples à tout bout de champ pour pouvoir dépasser les blocages. Mais, de là à nier la réalité d'un vote négatif (2005), ou à faire voter jusqu'à l'obtention du résultat désiré (Danemark, Irlande), il y a un pas énorme: celui du "déni de démocratie". C'est-à-dire la version "soft" de la dictature.

     

    L'erreur tactique

    Les "apprentis-sorciers" de la construction démesurée de l'Europe — le 1er mai 2004 10 nouveaux pays rejoignent l'U.E., soit tout de même une augmentation des 2/3, 66,6% d'un seul coup, on n'a vraiment peur de rien ! — dans leur désir fou d'atteindre une taille critique soit en nombre d'états, soit en nombre d'habitants, soit les deux, sont lancés dans la course à la croissance. Leur postulat de base est le suivant: l'Union Européenne, sa zone Euro, son espace Schengen, constituent les fondations solides sur lesquelles toute construction peut désormais être réalisée. Le poids économique des nations antérieures, la stabilité et le niveau élevé de la monnaie unique, la liberté de circulation de nombreux citoyens européens sont des valeurs sûres que rien ni personne ne peut contester. Tout pays candidat, une fois agréé par les autres en vertu du respect des critères, peut être agrégé sans problème.

    La tactique imparable (?) de la nouvelle Europe est la suivante: au contraire des autres fédérations, que nous avons mentionnées dans notre précédent article, nul besoin de guerre pour qu'un "état phare" prenne la direction de l'entreprise, il suffit d'adhérer à un traité; nul besoin pour un état d'imposer sa monnaie comme référence, l'Euro, monnaie unique, est déjà créé et il suffit de respecter des critères d'admission pour pouvoir l'adopter.

    C'est donc une création fédérale inversée que les sorciers nous ont concoctée: les critères de convergence, la monnaie unique, la stabilité des comptes publics sont le ciment de la fédération nouvelle. Pas de guerre originelle, pas d'uniformisation obligatoire des cultures, pas de massacre ethnique des vaincus par le vainqueur ni d'obligations religieuses, pas de revendication territoriale, pas d'élimination forcée de la monnaie d'origine: un vrai paradis car au lieu de ces horreurs, l'Euro et les directives européennes de Bruxelles sont les deux piliers de l'Harmonie. Au contraire de la construction naturelle d'une fédération "normale", au lieu d'en être l'émanation la monnaie unique européenne, son "bébé", en est la matrice.

    On constate tous les jours une conséquence inattendue mais pourtant inévitable de cette "construction inversée": l'inflation des notices d'emploi et des mentions légales. Pour chaque bien de consommation de quelque importance, le mode d'emploi et la garantie sont maintenant déclinés en 27 langues! N'ayant pas été construite comme une fédération "normale", la Babel européenne est incapable de trancher sur sa langue officielle. Or une langue officielle unique est un ciment fort, systématiquement présent dans toutes les constructions fédérales actuelles ou passées!
    Avoir autant de langues nationales que de pays membres n'est qu'un inconvénient mineur pour le commerce et les consommateurs, c'est pourtant l'expression criante de l'impasse de l'intégration fédérale européenne.

     

    La catastrophe stratégique

    Oui, mais voilà, les faits sont têtus! Et si toutes les autres fédérations qui ont vu le jour sur notre planète se sont créées "dans l'autre sens", ce n'est peut-être pas pour assouvir la soif sanguinaire de leurs promoteurs. Il y a peut-être un sens "naturel", obligatoire, à la création socio-politique? Et alors, il est logique de penser que la création européenne actuelle est "anti-naturelle", utopique, un non-sens socio-politique?

    Si tel est le cas, comment les brillants concepteurs du monstre européen n'ont-ils pas vu que leur créature allait développer des tares?

    Je ne ferai pas ici de procès d'intention aux Etats dont l'atlantisme est bien connu et qui de toutes façons tireront leurs marrons du feu puisqu'ils ont deux fers dedans. Dans ce groupe des "Etats atlantistes", il y a des membres fondateurs de la construction européenne, des membres anciens et même un petit nouveau qui s'est empressé d'acheter des avions F16 américains (au lieu d'avions européens — Eurofighter 2000 ou Rafale — équivalents voire meilleurs) le lendemain de l'obtention du rabais de 1 milliard d'Euros qu'il a exigé pour son adhésion.

    A mon avis, il faut chercher la réponse dans le "couple Franco-Allemand". Quand la France a accepté le paquet — Traité de Maastricht, création de l'Euro-Mark et mandat unique de la BCE installée physiquement à Francfort —, personne n'a expliqué aux citoyens français ce qu'ils acceptaient: un modèle de fonctionnement économique allemand.

    Ce n'était pas forcément visible puisqu'avec le niveau du dollar de l'époque, avec une croissance très correcte des pays de la zone, avec des bulles spéculatives, la zone Euro masquait ses tares structurelles et donnait l'illusion de la stabilité et de la prospérité. La conséquence sur la monnaie unique était immédiate et celle-ci s'appréciait fortement par rapport à toutes les monnaies de la planète. Le rêve semblait en voie de se réaliser: l'Euro serait LA monnaie de référence et supplanterait le Dollar comme seule devise de règlement international.

    La France de 1999 à 2002, du traité de Maastricht à la mise en circulation de l'Euro, a avalé toutes les couleuvres allemandes car cela la maintenait dans une double illusion, celle d'une puissance économique équivalente à l'Allemagne et d'un partenaire traitant d'égal à égal avec elle. En réalité, son modèle social, ses lourdeurs administratives et son inertie à la réforme traçaient déjà la route des délocalisations et de l'explosion du chômage. Loin d'être un partenaire en plein, elle n'est alors déjà qu'un vassal consentant qui masque ses faiblesses structurelles par des subventions conjoncturelles.

    L'Allemagne elle, dans le même temps, était capable de mettre en place la TVA sociale améliorant encore sa balance commerciale directe hors zone Euro et son niveau d'endettement, cela lui assurant discrètement mais sûrement la prééminence en Europe.

  • Guerre ou Paix (1)

    Sous ce titre volontairement provocateur, je vais montrer que la construction actuelle de l'Europe va non seulement échouer de façon tactique, mais qu'elle va aussi échouer, et c'est plus grave, de façon stratégique, c'est-à-dire en étant incapable d'éviter ce pour quoi elle a été pensée, voire en le provoquant : un nouveau conflit armé sur le Vieux Continent.

    Ce mois de Mai 2010 a été totalement occupé par les péripéties de la "crise Grecque". En réalité, ce n'est pas à proprement parler une crise Grecque mais bien une crise de l'Euro et plus clairement de l'Europe. Les "infâmes spéculateurs" qui ont attaqué la monnaie unique et la Grèce (et qui, soit dit en passant n'ont fait que leur travail de spéculateurs) ont profité des faiblesses criantes de l'aberration politique que constitue l'Europe des 27.

     

    Petit retour en arrière

    Lorsque SCHUMAN et MONNET ont imaginé la création de l'espace européen, leur motivation première n'était pas la constitution d'un bloc pouvant faire contre-poids aux deux grands de l'époque (USA et URSS). Ce n'était pas non plus de créer un espace économique de taille équivalente au marché intérieur américain, encore moins de fabriquer artificiellement une fédération supranationale d'états tous disparates. Et bien évidemment, il n'entrait pas dans leurs vues de favoriser l'avènement d'une mondialisation des marchés, notamment de capitaux.

    Non, ces pères de l'Europe avaient pour objectif principal de faire se rapprocher les Nations de l'Europe occidentale afin que les Etats et les peuples, se connaissant mieux et ayant définit des objectifs communs, puissent démarrer des coopérations ciblées et surtout cesser d'être des marionnettes combattantes. Ainsi est née l'ancêtre du Marché Commun, la C.E.C.A. (Communauté Economique Charbon Acier).

     

    Recette de cuisine

    Au centre de la CECA, son "noyau dur", le couple Franco-Allemand, déjà. Voisins très proches, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg avaient eux fondé le "Bénélux". Ajoutons l'Italie et nous obtenons l'originelle "Europe des Six".
    Après la création de la CECA, une première tentative d'intégration politique a été essayée au sein des Six avec la proposition de la C.E.D. (Communauté Européenne de Défense). Mais c'est un échec en 1954. Les Six poursuivent alors sur le chemin des coopérations économiques.
    En 1957, le Traité de Rome concrétise cette Europe des coopérations.

    Episode important très clairement décrit par Alain PEYREFITTE dans son livre "C'était De Gaulle", éd. Gallimard: en 1962 le Général De Gaulle, très conscient de l'importance de cette Europe des coopérations qui devait permettre d'échapper à la tutelle des "deux grands", voulut de nouveau tenter une intégration politique des Six (plan FOUCHET). Mais les responsables belges SPAAK et Néerlandais LUNS l'ont rejetée car elle ne comportait pas assez de "supra-nationalité"! Puis voyant que l'union Franco-Allemande se mettait en place ils ont proposé de renoncer au "plus de supra-nationalité" contre l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun. C'était déjà évidemment l'oeuvre des USA que gênait cette Union des Six et qui cherchaient à l'affaiblir soit en l'obligeant à une structure fédérale, soit en lui adjoignant leur tête de pont en Europe, la Grande-Bretagne.


    Tambouille institutionnelle

    La suite funeste est connue.
    En 1992, signature du traité de Maastricht après référendum en France (oui à 51%), mais après une révision de la Constitution Française effectuée par la voie parlementaire (réunion du Congrès). Il faut rappeler que la campagne électorale avait été plus tournée vers le cancer de la prostate du Président MITTERRAND et la violation du secret médical par son médecin personnel que vers l'explication du texte même du traité et de ses implications.
    Le 1er janvier 1999, naissance de l'Euro et introduction des pièces et billets le 1er janvier 2002 dans 12 pays seulement.
    En 2005, échec de la tentative d'imposition de la "Constitution Giscard" aux peuples français et néeerlandais. Le NON au référendum atteint 55% en France.

    Les technocrates de Bruxelles avec la complicité des fédéralistes politiques mettent à profit les trois années suivantes non pour prendre en compte les raisons profondes du rejet par les peuples mais pour trouver une nouvelle formulation qui permettra de faire croire à une refonte du texte originel tout en en conservant le fond.
    En 2008, la France doit de nouveau procéder à une révision de la Constitution. Elle le fait par la voie parlementaire en réunissant une nouvelle fois le Congrès. Puis la ratification de la constitution européenne (traité de Lisbonne) est une fois encore obtenue par la voie parlementaire, le même Congrès aux ordres!

    On le voit, les responsables ont peur de consulter le seul souverain qui vaille en démocratie: le peuple!

    En juin 2008 ce sont les Irlandais qui rejettent le traité de Lisbonne. L'Irlande est le seul pays parmi les 27 à avoir organisé un référendum pour l'adoption de la copie conforme du texte rejeté précédemment ! Sa constitution l'y oblige. Finalement, après un nouveau référendum en 2009, elle accepte le traité de Lisbonne. Je suis tenté de dire "à l'usure".

    Nous verrons dans un prochain article les autres constructions de type fédéral dans le monde.

  • Volcan

    Et voilà, un bébé volcan éternue en Islande et c'est toute l'Europe qui se grippe! La théorie du papillon n'est pas loin. Heureusement que le gros situé juste à côté n'a pas toussé lui aussi.

    Pour ma part, je me suis retrouvé bloqué au Chili cinq jours de plus que la semaine prévue. Oui je sais, il y a pire...
    Cela ne m'a pas permis d'alimenter mon blog comme je l'aurais voulu, rendant plus actuel encore mon billet précédent.

    Cet épisode géologique aura eu à mes yeux deux avantages. Le premier de rappeler à l'Homme sa taille et sa place dans l'ordre des grandeurs de l'Univers. Le second, de montrer une fois encore les limites de l'Europe qu'on nous impose et en l'occurrence des lacunes criantes, liées non pas aux hommes en charge des décisions à tel ou tel poste mais à la structure qui les paralyse.

    Dans un premier temps, l'effondrement du toit de la chambre magmatique a provoqué une explosion et un rejet important de cendres volcaniques dans l'atmosphère. Ces cendres, localisées sous forme de "nuage", sont effectivement très dangereuses pour les avions. Nos procédures imposent le demi-tour immédiat en cas de pénétration dans un tel "nuage". Leurs effets principaux sont de deux ordres:

    • perturbations graves du fonctionnement de tous les moteurs par étouffement, vitrification des parties chaudes (chambre de combustion, turbine HP), obturation des capteurs et donc perte des régulations informatiques par perte d'informations,
    • abrasion très importante des surfaces d'impact des cendres (pare-brise frontaux, bords d'attaque des ailes, bords d'attaque des aubes de compresseur).

    La réaction des autorités européennes de régulation du trafic aérien a été à la mesure du danger: fermeture des espaces aériens touchés. Rien à dire à cela! Le nuage a cheminé dans la circulation générale atmosphérique et s'est délité.

    Dans un deuxième temps, le volcan, après la phase explosive, a poursuivi son éruption en rejetant des quantités de cendres moindres et surtout à des altitudes beaucoup plus faibles.

    Et là, ceux qui avaient pris la décision juste de fermer les espaces aériens ont été incapables de décider de leur réouverture. Sur la foi accordée à un modèle mathématique théorique de positionnement et d'extension du "nuage" de cendres, aucun responsable ne pouvait refermer le parapluie et relancer l'activité aérienne. Il a fallu la pression conjointe des compagnies aériennes et des voyagistes pour que les états décident eux-mêmes des réouvertures. Il a fallu que les opérateurs effectuent eux-mêmes des vols que je ne qualifierai pas d'essai mais de démonstration pour confirmer que le modèle mathématique annonçait des cendres là où il n'y en avait pas! Et je peux vous dire qu'aucune compagnie n'aurait risqué la vie des équipages ainsi que des avions à plus ou moins cent millions de dollars pièce s'il y avait eu des risques. Ces vols n'ont été gréés que pour démontrer à Bruxelles que le trafic pouvait reprendre.

    Une fois encore c'est l'Europe de la contrainte qui a fonctionné. Pas celle de la liberté. Elle s'est empêtrée dans ses lourdeurs bureaucratiques et technocratiques générées par sa structure fédérale. La situation ne s'est débloquée que lorsque les Etats-Nations ont repris l'initiative.

    Si elle veut survivre, c'est à dire à ne pas condamner les pays qui la composent à l'immobilisme et à la glaciation, l'Europe n'a pas d'autre choix que d'évoluer de son fédéralisme paralysant vers une communauté d'états souverains choisissant librement de mettre en commun leurs compétences sur les sujets qui les intéressent.